Sur les journées des 11, 12 et 13 Décembre, alors même que se tiennent le sommet de l’ONU sur le climat et le Conseil Européen débattant des objectifs de réduction de GES de l’UE, des groupes locaux de Youth for Climate France se mobiliseront pour rappeler l’échec que représentent les Accords de Paris. La jeunesse française ne fait plus confiance à son gouvernement pour résoudre la crise climatique. Alors elle commence à construire elle-même son avenir à travers d’autre institutions d’ampleur internationale, et se tourne vers d’autres acteur·ices comme les collectivités territoriales, qui peuvent elles aussi commencer à agir pour le respect de l’Accord de Paris, ou encore des organisations supranationales.
Une situation climatique désastreuse
Une trajectoire actuelle de réchauffement d’entre 3,4°C et 3,9°C d’ici la fin du siècle. Une trajectoire d’entre 2,9°C et 3,2°C si les 196 pays de l’Accord de Paris respectent leurs engagements, et un réchauffement d’au moins 2,1°C si tous les pays qui se sont dernièrement engagés sur la question de la neutralité carbone se tiennent à leurs engagements [1]. Voilà ce que voit la jeunesse du monde dans lequel elle devra vivre le restant de ses jours. Alors que le GIEC sortait en 2016 un rapport [2] dans lequel il rappelait les conséquences déjà catastrophiques qu’aurait un réchauffement de 1,5°C sur les écosystèmes et la viabilité de notre planète, il en profitait également pour rappeler l’importance de chaque dixième de degré de réchauffement évité. Alors que les pays du Sud sont déjà les premiers exposés au conséquences du réchauffement climatique actuel de 1,1°C, cela ne va pas aller en s’arrangeant.
L’accord de Paris est un échec. Les pays se sont engagés par des promesses qu’ils n’ont jamais souhaité tenir, et c’est d’ailleurs ce qu’il se passe actuellement. Alors que la France maintien son objectif de réduction de 40% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, le Royaume-Uni a voté il y a quelques jours une réduction de 68% de ses émissions de gaz à effet de serre sur la même période. Et encore faudrait-il s’y tenir. En Avril 2020, le gouvernement a reporté les objectifs de réduction d’émissions de GES fixés dans la Stratégie Nationale Bas Carbone à plus tard au lieu d’agir pour rattraper notre retard. Le projet de loi sur les mesures préconisées par le convention citoyenne pour le climat sera bientôt finalisé, avec probablement un grand nombre de mesures modifiées [3] selon les dires mêmes de E. Macron qui considère qu’il est « normal » que le gouvernement modifie les mesures de la CCC qu’il s’était pourtant engagé à transmettre « sans filtres » au parlement [4].
Une jeunesse qui se détourne de l’État central, et reste déterminée
Alors, face à l’inaction, la culpabilité et l’irresponsabilité du gouvernement et de son président E. Macron, la jeunesse ne compte pas une fois de plus réclamer une action de sa part. Après avoir écrit à E. Macron à travers une lettre ouverte en Septembre 2020, après les nombreuses grèves pour le climat qui ont eu lieu depuis la première d’entre elles, le 15 Mars 2019, après le blocage du Palais de l’Élysée le 28 Juin 2019, en pleine canicule, ou encore après notre intervention avec Greta Thunberg et Valérie Masson-Delmotte (vice-présidente du GIEC) à l’Assemblée Nationale en Juillet de la même année, nous estimons avoir laissé le temps au gouvernement de réagir. Ce gouvernement n’agira pas.
Alors Youth for Climate France a décidé de se tourner vers d’autres institutions. Le mouvement commence tout d’abord à s’organiser avec d’autres mouvements à l’échelle internationale, notamment au sein du Glasgow Agreement, qui a pour but de concurrencer une nouvelle COP dans laquelle aucune décision structurante ne sera prise. Des associations d’un très grand nombre de pays y établiront un agenda climatique des projets ou lieux à annuler ou stopper, et se soutiendront pour parvenir à cet objectif, par divers moyens tels que la désobéissance civile. Youth for Climate France soutien très largement des initiatives comme Mock Cop, au sein de laquelle 330 jeunes de plus de 140 pays se sont rassemblés pour montrer aux dirigeant·es les décisions qu’iels seraient capables de prendre si iels étaient au pouvoir.
La jeunesse française décide aussi de se tourner vers les collectivités territoriales, qui ont elles aussi leur rôle à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Si son espoir en l’État central et le gouvernement est épuisé, elle décide de changer de cible car elle se laissera pas voler son avenir.
Des actions prévues dans plusieurs villes de France
En même temps que se tiendront le sommet de l’ONU sur le Climat (12 Décembre) et le Conseil Européen débattant des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE (10 et 11 Décembre), les groupes locaux de Youth for Climate France et de nombreuses autres organisations mèneront diverses actions partout en France. De nature différentes, ces actions ont toutes un objectif commun : affirmer le détournement de la jeunesse de l’État central, et exiger des représentant·es locaux une action concrète.
[1] Trajectoires de réchauffement en fonction des mesures, engagements, et promesses des pays signataires de l’Accord de Paris :
– Le Monde, jeudi 10 décembre 2020 : « Une relance verte pour un réchauffement à 2°C » par Audrey Garric : https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/12/09/climat-une-relance-verte-permettrait-de-contenir-le-rechauffement-a-2-c_6062733_3244.html
– Climate Action Tracker : « Global Update : Paris Agreement Turning Point » : https://climateactiontracker.org/publications/global-update-paris-agreement-turning-point/
[2] GIEC : « Réchauffement planétaire de 1,5°C » : https://www.ipcc.ch/sr15/
[3] Reporterre publie les documents transmis à la Convention Citoyenne pour le Climat : https://reporterre.net/Reporterre-publie-les-documents-transmis-a-la-Convention-citoyenne-pour-le-climat
[4] Interview d’E. Macron sur le média Brut le Vendredi 4 Décembre 2020 : https://www.youtube.com/watch?v=IvkewyupR_8