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Arshak Makyshian, le quotidien d’un militant Russe

24 Juin 2019

Arshak Makichan, le quotidien d’un militant russe

Depuis le 15 mars, un jeune russe, Arshak Makichan, manifeste chaque vendredi à Moscou contre l’inaction climatique. Il a 24 ans et étudie le violon au conservatoire de musique. Nous avons eu l’honneur de pouvoir parler avec lui. Arshak nous raconte l’origine de sa mobilisation et son quotidien : « c’est au moment où Greta fait son appel à manifester que j’ai décidé de m’engager pour le climat. Avant, cela m’avait intéressé mais j’avais trop peur et j’étais occupé à jouer du violon. » Il a donc décidé de manifester chez lui, à Moscou. Mais, en Russie les rassemblements ne sont pas du tout vus de la même manière : ceux de plus de deux personnes sont interdits.

C’est pourquoi Arshak exprime son mécontentement par les piquets solitaires : il se tient debout, devant le monument de Pouchkine (au centre de la ville), sa pancarte exposée aux regards des passant·es ; certain·es, intrigé·es, vont parler avec lui, mais pas toujours pour le féliciter. Plusieurs l’accusent même de véhiculer de la propagande américaine. En effet, en Russie, beaucoup de gen·tes pensent que le réchauffement climatique est une fake-news (comme quoi, pas besoin de s’appeler Trump pour croire en cette folie), une idée inventée par les États-Unis : le régime en place passe sous silence cet enjeu, ce qui fait que peu de gen·tes y sont sensibilisé·es.

« La mobilisation n’est pas très forte dans mon pays, la plupart des gen·tes de mon âge ne sont pas sensibilisé·es du tout, iels ne savent même pas trier par exemple. » nous explique Arshak ; et les seul·es intéressé·es ont peur des représailles du gouvernement. « Mais nous sommes déjà un petit groupe, qui s’organise et se soutient. »

Un autre problème en Russie est la police : Arshak nous raconte que la police a essayé de l’intimider, par deux fois déjà. La première était lors d’une de ses grèves : « iels sont venu·es me voir et m’ont posé toutes sortes de questions insensées : qui me payait pour faire ça, etc. Iels ne répondaient pas à mes questions ; après, iels ont pris une photo de mon passeport et m’ont dit qu’iels allaient en parler avec les autorités. » La deuxième fois était dans le métro : les policier·es l’ont emmené dans une salle sans rien dire, iels ont appelé quelqu’un, puis l’ont relâché au bout de quelques minutes.

 

« Si elle le souhaite, la police peut monter de fausses accusations contre moi, mais pour l’instant, elle a jugé que c’était mieux de me laisser faire, grâce à ma couverture médiatique : ce serait vite relayé à l’international et cela donnerait une trop mauvaise image de la Russie. Malgré cela, je ne suis quand même pas trop rassuré : je suis exposé aux regards malveillants dans la rue et être seul n’est pas toujours facile. »


Théoriquement les manifestations ne sont pas interdites, en Russie, mais il faut une autorisation pour les faire (et si on fait une manifestation sauvage ce n’est pas comme en France, mais autrement plus dangereux). Le groupe d’étudiant·es qui organisait le 15 mars avait réussi à avoir l’autorisation : « Moi, je venais d’arriver dans le mouvement, j’ai juste suivi le groupe d’organisateurices. Nous étions à peu près 50, mais c’était une manifestation statique, nous étions tou·tes confiné·es dans un endroit entouré de barrières. Les passant·es ne pouvaient pas nous voir. » Mais le 24, la demande a été refusée, alors l’étudiant a manifesté selon sa méthode, en piquet.


Pour l’année prochaine, il y a beaucoup de projets ; « j’ai commencé à traduire le manifeste de Fridays For Future en russe avec l’aide d’autre organisations et personnes, pour que ce soit ouvert à tou·tes celleux qui ne sont pas à l’aise en anglais. » Arshak compte aussi préparer la grève mondiale, le 20 septembre et peut-être trouver d’autres étudiant·es russes pour manifester avec lui. Mais, cela ne peut que s’améliorer, après tout : iels sont de plus en plus à manifester !

Le Temps Presse – Youth for Climate France

Youth for Climate France est le mouvement de la jeunesse et des étudiants engagés pour le climat. Depuis début 2019, nous rassemblons les différents groupes locaux en France qui répondent au mouvement « Fridays for Future », lancé à l’appel de Greta Thunberg.