L’exploitation minière des océans : nouvelle menace écologique 

L’exploitation minière des océans : nouvelle menace écologique 

De plus en plus urgent, le changement climatique s’est imposé dans nos vies ces dernières années à coup de canicules et de feux de forêts, de fonte de glaciers et d’inondations. Entre les événements climatiques violents de cet été 2022, le rapport du GIEC et les nombreux cris d’alerte des scientifiques, nombreux sont ceux qui ont récemment pris conscience de l’importance de freiner l’exploitation de la nature.

Plus encore, la société civile commence à s’emparer de sujets politiques de grande ampleur dans la lutte écologique et sociale. Ainsi, le projet EACOP mené par Total Énergies, la taxation des superprofits et l’affaire des jets privés ne sont plus l’affaire de quelques hommes puissants et milliardaires privilégiés, mais de tous.

Pourtant, nous n’avons pas pu nous empêcher de remarquer qu’un événement majeur de l’été est aux abonnés absents des discussions médiatiques : l’Exploitation Minière des Fonds Marins, aussi appelée Deep Sea Mining

(image issue du compte Instagram de soafrance. Pour te la faire courte, c’est ce type d’animaux magnifiques qui pourraient être menacés par le Deep Sea Mining.)

(image issue du compte Instagram de soafrance. Pour te la faire courte, c’est ce type d’animaux magnifiques qui pourraient être menacés par le Deep Sea Mining.)

L’enjeu écologique de l’exploitation des fonds marins

En effet, des négociations entre États et entreprises du secteur privé se sont tenues au cours de l’été autour du Deep Sea Mining. L’objet de ces négociations : autoriser le torpillage des fonds marins, sources de minerais rares, que les industriels s’arrachent (zinc, cuivre, magnésium, cobalt, nickel, lithium, fer, ou encore or et argent). 

Si le projet semble complètement hors-sol dans un contexte d’appel à la sobriété par des centaines d’experts du climat, l’enjeu climatique du Deep Sea Mining est encore plus alarmant.

Le Deep Sea Mining : pour un futur dans l’abondance malgré les dangers

L’avènement de la technologie de pointe s’accompagne de l’exploitation des terres rares. La fabrication des outils numériques, tels que les smartphones, mais aussi des voitures électriques, des éoliennes et de l’armement, requiert des métaux rares comme le cobalt, le cuivre, le manganèse ou encore le nickel. Autant de ressources issues de l’exploitation jusqu’à la moelle de mines géantes à ciel ouvert, qui engendrent de graves dégâts environnementaux. 

Friande de nouvelles technologies, notre société hyper-consommatrice n’a cessé d’amenuiser la disponibilité de ces ressources non renouvelables. Les mines se vident peu à peu, et rien ne permet à l’heure actuelle de continuer à fabriquer en quantité ces produits sans ces métaux. 

C’était sans compter sur l’avidité des dirigeants des plus grandes industries du monde. En effet, pour continuer à produire en quantité, certaines entreprises ont décidé de chercher le métal là où nul n’est encore allé le chercher : au cœur des profondeurs de l’océan.

Les menaces écologiques de l’exploitation minière des océans

Et pour cause : des analyses scientifiques ont démontré que le plancher océanique contient une myriade de ces métaux rares. Mais leur extraction s’accompagne de gigantesques chantiers dans des zones encore non explorées : au-delà de 200 mètres et jusqu’à 6 kilomètres de profondeur ! Les océanologues ont bien entendu tiré la sonnette d’alarme concernant les conséquences potentiellement catastrophiques d’une telle entreprise sur la biodiversité marine, encore en grande partie inconnue. Car c’est véridique : à ce jour, l’humanité connaît mieux la surface de la Lune que les fonds marins de la planète qu’elle habite.

Nombre d’espèces restent à découvrir…  Or, perturber, voire détruire leurs écosystèmes risquerait d’engendrer leur extinction avant même que nous sachions qu’elles existent (et quel est leur rôle dans la chaîne du vivant). Des études ont d’ailleurs prouvé que le bruit généré par une seule opération de minage pourrait se propager jusqu’à 500 km autour de la zone impactée. La pollution sonore engendrée par le Deep Sea Mining impacterait la vie marine du plancton à la baleine.

Au-delà de la biodiversité marine, les océans sont des puits de carbone puissants qui absorbent jusqu’à 30 % de nos émissions de gaz à effets de serre (GES). Dans un contexte climatique où la réduction drastique de ces émissions est indispensable à la survie de nombreuses espèces (dont la nôtre), les scientifiques s’alarment du danger que peut représenter le torpillage des océans, pour le profit limité et temporaire engendré par la récolte de quelques métaux.

Plus encore, il a été mis en évidence que l’exploitation des mines océaniques par les bulldozers géants émettrait une telle quantité de sédiments que la chaîne alimentaire marine se retrouverait complètement déréglée.

Bref : des océanologues aux scientifiques du monde marin, en passant par les organisations de défense de l’océan, les alertes sont nombreuses depuis des mois sur le danger que représente le Deep Sea Mining. Pour éviter de causer des dégâts irréparables au sein d’un monde dont nous ne connaissons rien, un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins a été mis en place cet été, pour pousser les autorités et les gouvernements à respecter la vie marine. Grâce à ce moratoire, de nombreux représentants ont affirmé leur souhait de réglementer, voire de stopper le Deep Sea Mining.

 

Les enjeux du moratoire pour le Deep Sea Mining

La conférence de Lisbonne, en juin 2022

En juin 2022 s’est tenue la Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC) à Lisbonne. Des milliers de représentants de gouvernements, d’entreprises, d’institutions scientifiques et d’ONG se sont réunis pendant 3 jours avec plusieurs objectifs : 

  • Trouver des solutions à la pollution marine, 
  • Prévenir la destruction des écosystèmes,
  • Alerter sur le réchauffement et l’acidification de l’océan,
  • Se mobiliser pour l’interdiction des subventions aux pêches non durables ou illégales,
  • Développer les aires marines protégées,
  • Partager des technologies et des connaissances scientifiques.


Mais cette conférence avait aussi d’autres enjeux. En parallèle des discussions étatiques, des militant·e·s et ONG de protection environnementale transmettaient des informations sur les réseaux sociaux pour mobiliser un maximum de monde autour du respect du moratoire précédemment évoqué. Des centaines de personnes, venues du monde entier, se sont ainsi imposées aux portes d’une salle de réunion, donnant à l’événement le ton politique qu’il méritait. Appuyant la mobilisation, le gouvernement de la République des Palaos, état insulaire de Micronésie (dans l’Océan Pacifique), a annoncé son opposition à l’exploitation minière en eaux profondes, ainsi que le lancement d’une nouvelle “Alliance des pays pour un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes”, visant à empêcher cette industrie destructrice de voir le jour. D’autres États comme les îles Fidji et le Samoa ont très vite rejoint l’Alliance.

De même, la députée européenne française Marie Toussaint, accompagnée de deux autres parlementaires, Caroline Roose et Ralph Regenvanu, a lancé une “déclaration parlementaire mondiale pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins”. Cette déclaration invite les parlementaires du monde entier à adopter un principe de précaution et à interdire l’industrie minière en eaux profondes, dont les impacts potentiels sur la biodiversité et le climat sont à ce jour inconnus – mais estimables par les scientifiques, et potentiellement destructeurs, comme nous l’avons expliqué ci-dessus. Aujourd’hui, cette déclaration compte déjà 146 signatures de 42 pays !

Quant au Costa Rica, à l’Équateur et à l’Espagne, ils se sont prononcés en faveur d’un moratoire sur le Deep Sea Mining. Plus loin encore, à l’heure actuelle, le Pérou et le Chili ont tous deux déposés une proposition de loi pour instaurer le moratoire sur l’exploitation des fonds marins dans leurs eaux territoriales, pour au moins 10 ans. 

La France, elle, n’a pas souhaité se prononcer en faveur du moratoire. Le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est pourtant exprimé à Lisbonne sur le sujet, spécifiant son souhait de « mettre en place un cadre légal pour arrêter l’exploitation minière des grands fonds marins en haute mer ».

Quelle est la position de la France dans l’exploitation des océans ?

Du 18 au 29 juillet, à Kingston en Jamaïque, s’est tenue une réunion de l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM) ayant pour but de négocier le cadre légal de l’exploitation minière en eaux profondes. Faisant suite à la conférence de Lisbonne et au moratoire, cette réunion était l’occasion de mettre en pratique les promesses des gouvernements et de leurs représentants. Qu’en est-il réellement ?

Tant pis pour le moratoire : dès le premier jour, l’Ambassadeur pour la France à la réunion de l’AIFM, M. Guyonvarch, a félicité l’Autorité de sa contribution à la science à travers les permis d’exploration qu’elle distribue. M. Guyonvarch n’a cependant pas fait suite aux déclarations claires de M. Macron à Lisbonne et n’a pas clarifié l’opposition de la France à l’exploitation. En parallèle, le Chili et le Costa Rica s’opposaient fermement au Deep Sea Mining lors de cette même journée.

Un second point noir est venu remettre en question la transparence de cette réunion. Le lundi 18 juillet, la WebTV de l’AIFM, qui permettait aux délégations et aux observateurs (notamment des ONG et des scientifiques) d’assister virtuellement à la réunion, a rencontré un problème. Tandis que certaines délégations proposaient d’interrompre les négociations en attendant que le problème se règle, la France s’est opposée à remettre la WebTV en route. Ce n’est qu’après un débat de 3 heures que la délégation française a finalement accepté d’interrompre les négociations. Si cette affaire paraît anodine, elle questionne néanmoins la transparence réelle de l’AIFM et de la France dans ces négociations

Au cours de cette réunion, tandis que des États, comme le Costa Rica et le Chili, rappelaient au début de chaque session les risques environnementaux et la nécessité d’un moratoire, la France, elle, s’éloignait peu à peu de ses propos tenus à Lisbonne.

Plus grave encore, M. Guyonvarch a proposé de mettre en place des contraintes environnementales au code minier plutôt que de se positionner en faveur d’un moratoire. Cette proposition vient renforcer l’ambiguïté de la position française sur le sujet

Article Le Monde du 26 juillet 2022

En effet, le moratoire a pour but de stopper l’exploitation minière et de l’empêcher de débuter en juin 2023. Quant au code minier, il a pour objectif de réguler cette exploitation minière, sans la stopper. La France joue donc un double jeu, au grand dam des scientifiques et des ONG qui attendaient un positionnement clair de la 2e plus grande puissance maritime du monde.

Dans l’objectif de forcer la prise de position du pays, des ONG ont publié une tribune dans Le Monde le 29 juillet, demandant à la France de rejoindre l’Alliance des pays pour un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes.

Le rôle de l’AIFM : l’Autorité Internationale des Fonds Marins

L’AIFM, un organisme censé œuvrer pour le bénéfice de l’humanité… 

Si les gouvernements demandent des moratoires et proposent des lois, on peut se demander de manière légitime qui est responsable officiellement de la régulation de l’exploitation minière des fonds marins ? 

C’est l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), un organisme intergouvernemental autonome fondé en 1994 par l’ONU. L’AIFM délivre les licences d’exploration et d’exploitation minière des fonds marins, en appliquant la two-years trigger rule (règle des deux ans). En premier lieu, elle délivre une licence d’exploitation pour une entreprise ou un État, puis les membres concernés ont deux ans pour élaborer un code minier avant que ne débute l’exploitation. Étant donné que The Metals Company, une entreprise canadienne, a activé la procédure en juin 2021, cela signifie que l’exploitation pourrait débuter dès juin 2023.

… aux pratiques ambiguës. 

Si l’on est en droit de penser qu’un organisme intergouvernemental, ayant pour mission de “protéger les océans et encadrer l’industrie minière pour le bénéfice de l’humanité” (comme il l’a été indiqué lors de sa création entre 1994), agit de manière impartiale et a pour objectif premier d’éviter l’exploitation des océans, une enquête du New York Times parue le 29 août dernier révèle cependant les pratiques douteuses de l’AIFM.

L’enquête révèle un conflit d’intérêt entre le secrétaire général de l’AIFM, Michael W. Lodge, et The Metals Company, la compagnie minière canadienne à l’origine de l’activation de la procédure pour le Deep Sea Mining. Cette dernière convoite en effet l’un des gisements de minéraux les plus riches au monde (la zone Clarion-Clipperton, dans le Pacifique) et estime en tirer environ 31 milliards de dollars sur 25 ans

Dans le but d’assurer une répartition équitable des bénéfices, une règle stipule que les données concernant les sites les plus riches en ressources doivent d’abord revenir aux pays dits “en développement”. Or, l’enquête du New York Times révèle qu’avec la complicité des dirigeants de l’AIFM, c’est The Metals Company qui a obtenu ces données en premier, s’appropriant ainsi quasi-exclusivement le site le plus riche en ressources minières.

Le manège va même plus loin, puisque The Metals Company, pour rester dans le cadre légal, n’a pas hésité à se faire sponsoriser par Nauru et Tonga, deux micro-États du Pacifique qui n’auraient, de toute façon, pas les moyens de s’engager dans l’exploitation minière en eaux profondes sans l’aide de la compagnie canadienne. 

L’hypocrisie de The Metals Company est telle qu’elle justifie ses actes comme une “nécessité pour la transition verte” (termes du PDG de The Metals Company, Gerard Barron). En effet, sur son site, l’entreprise affirme que l’exploitation minière des fonds marins impactera les écosystèmes, mais que “la transition verte nécessite des sacrifices” (Gerard Barron). Bref : l’entreprise prétend détruire les fonds marins pour sauver les forêts tropicales… alors que personne ne s’engage à arrêter l’exploitation des forêts tropicales. 

Des fuites de documents internes à l’AIFM ont également révélé la complicité de Michael Lodge, secrétaire général de l’AIFM, dans cette affaire. Accusé, entre autres, d’application hasardeuse des lois et de détournement de fonds, il dénigre les scientifiques qui alertent sur les dangers de l’exploitation minière des fonds marins : “les scientifiques opposés au Deep Sea Mining entretiennent une relation financière incestueuse avec les activistes environnementaux” (Michael Lodge).

En récapitulatif sur l’AIFM

L’AIFM apparaît dorénavant comme une entité partiale et sensible aux intérêts privés, alors qu’elle est censée protéger l’intérêt commun de l’humanité. Quant à l’exploitation minière des océans, l’industrie minière semble, sans grande surprise, se complaire dans une politique néocolonialiste, et ce, alors même que les règles de l’AIFM sont faites pour lutter contre ces relations de domination. Bref, le Deep Sea Mining s’annonce comme un nouveau moyen de détruire l’environnement et d’accentuer les inégalités. Dans un contexte où allier justice climatique et justice sociale n’a jamais été aussi urgent, il nous apparaît aberrant que le sujet ne soit pas davantage traité et médiatisé.

Malgré tout cela, les activistes environnementaux restent déterminés à protéger le climat et les écosystèmes. En te rendant sur le compte Instagram de soafrance, tu pourras avoir un petit aperçu des espèces que le Deep Sea Mining pourrait menacer ! 

 

Lutter contre l’exploitation minière des océans : un combat urgent pour la justice climatique et sociale

Après les multiples conférences et réunions qui ont eu lieu cet été, de nombreux États souhaitent établir un moratoire pour stopper l’exploitation minière en eaux profondes, et la société civile, informée par l’intermédiaire des scientifiques et des ONG, émet également des doutes sur le bien-fondé du Deep Sea Mining. Des organisations, comme SOA France, poursuivent le lobbying pour arrêter l’exploitation minière et rendent publiques des photos spectaculaires de machines gigantesques, prêtes à être utilisées pour torpiller les fonds de nos océans. 

Rien n’est encore gagné, et nous pouvons tous jouer un rôle dans ce scandale écologique : en parlant du sujet autour de nous, en nous mobilisant en faveur d’un moratoire, en demandant au gouvernement de prendre clairement position, ou encore en optant pour la sobriété face à une société hyper-consommatrice et néocoloniale, nous pouvons préserver nos océans. Le combat continue ! 

 

L’exploitation minière des océans : nouvelle menace écologique 

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La liberté d’expression

     L’heure est grave. Les fondements de notre démocratie sont menacés par un groupuscule extrémiste qui ne reculera devant rien pour défendre ses intérêts. Sans humour, dénués de toute tolérance, n’hésitant pas à mettre femmes et hommes en danger au nom de leur idéologie déconnectée de la réalité, vous aurez bien entendu reconnu dans cette description tous les hommes politiques et créatures de plateau télé aux valeurs politiques orientées à droite !

     Comment ? Ce n’est pas ce que vous avez l’habitude de lire ou d’entendre ? Dans cet article, on va dissiper leurs mensonges, en s’intéressant à quelques cas emblématiques qui permettent de mettre en valeur leur coupable duplicité.

Niala ou la culture oppressive

TW racisme et sexisme

C’est pourtant une règle d’or de la communication : ne pensez pas que l’autre vous a mal compris, pensez que c’est vous qui vous êtes mal exprimé (un comic à ce sujet pour les anglophones). On pourrait supposer, pourtant, que personne n’est mieux placé pour parler du racisme d’une œuvre qu’une personne racisée ; que personne n’est mieux placé pour parler du sexisme d’une œuvre qu’une femme. Pourtant, ça n’arrête pas les auteurs, la maison Glénat et certains journalistes – des hommes blancs, globalement – qui nous expliquent gentiment que les gens qui s’affolent n’ont rien compris à leur œuvre ; à vous de voir si réduire une femme noire à une dimension sexuelle, en rapprochant son comportement des singes et en la faisant avoir des relations sexuelles avec des adolescents, ce ne serait pas plus criminel qu’autre chose. Vous trouverez un bon article à ce sujet sur aufeminin.com.

Sciences-Po Grenoble, surdité sélective

Un autre exemple, c’est le cas de Science-Po Grenoble. A la lecture d’articles sur le sujet (par exemple, celui de FrancetvInfo, qui pourtant n’est pas le plus partial) on a l’impression d’une réaction à minima disproportionnée. Pourtant, si on écoute par exemple l’interview du président de l’Union Syndicale Sciences-Po Grenoble réalisée par Ouvrez les guillemets, on apprend que le conflit a été rendu public par les professeurs ; dans le contexte de chasse aux prétendus islamogauchistes lancée par notre bien-aimée ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, cela ne pouvait que dégénérer.

Cette dernière, par ailleurs, a déclaré au micro d’Europe 1 que « traiter quelqu’un d’islamophobe peut tuer ». En omettant un fait simple – le fait que ce soit les professeurs qui aient diffusé le conflit et non le syndicat – on a pu voir la presse et tous les politiciens opportunistes se saisir de l’occasion pour faire le lien avec l’assassinat de Samuel Paty et avoir leur quart d’heure de gloire. 

Soyons clairs : la stigmatisation permanente de l’Islam et des musulmans, portée en plus haut lieu par le club des cinq des fascistes, nommément Castex-Darmanin-Vidal-Blanquer-Schiappa, tue bien plus que l’accusation d’islamophobie. Par ailleurs, ces pompiers pyromanes prétendent défendre une liberté d’expression qu’ils ne font qu’assaillir : leur réel but n’est en réalité que de défendre la légitimité de celleux qui les arrangent en portant la bonne parole conservatrice, ce que confirme leur soudaine aphasie lorsque 600 enseignants chercheurs sont affichés sur un site d’extrême droite pour avoir signé une tribune.

Conséquences de l’immunité policière, le cas lyonnais

Deux sujets parallèles à Lyon, qui participent d’un même phénomène : les émeutes de la Duchère et la polémique (pour une fois pas nationale) provoquée par le tweet d’une élue.

Absence de vidéosurveillance selon Laurent Wauquiez (rien de tel qu’une caméra pour défendre une voiture d’une agression), la conséquence d’une lutte active contre le trafic de drogue selon Darmanin, ou bien l’expression d’une colère populaire contre un arbitraire policier permanent (selon le directeur de recherche CNRS à Sciences Po Grenoble) et défendu en haut lieu par ces mêmes individus ? On vous laisse répondre à cette question, mais attention : choisissez la bonne !

Comme nous le montre la seconde polémique, dire la vérité vis-à-vis de la police, c’est s’exposer à un raz-de-marée d’accusations et de désaveux de la part de son propre camp.

En effet, face à une institution qui diffuse des messages rappelant qu’ « envoyer un nude, c’est prendre le risque de voir la photo partagée », composée en partie d’individus rentrés pour lutter contre le terrorisme (comme le rappelle un brigadier dans cet article de Mediapart), tendant vers l’extrême droite (la même qui déplore la perte du patriarcat), on peut légitimement parler de culture du viol. Ce qui n’a, rappelons-le, rien à voir avec le fait de prendre tous les policier.ères pour des violeurs. Cependant, la vérité n’est pas l’amie des syndicats de police, qui font oublier leurs compromissions avec leurs patrons par une défense cynique et acharnée des actions les plus abjectes de leurs membres.

En conclusion…

Qu’en dire ? La liberté d’expression qui serait menacée selon certains par islamogauchistes, terroristes et dealers de cannabis (les trois catégories étant interchangeables dans leur pensée, les militants non racisés n’en faisant jamais partie que de façon passagère) n’est en réalité menacée que par l’inertie d’une élite conservatrice pour partie journalistique et pour partie politique, qui exploite mensonges et approximations pour faire passer les victimes pour des criminels et l’inverse.

28 Mars : Marche pour une vraie loi climat

28 mars : marche pour une vraie loi climat

28 Mars

Marche pour une vraie loi climat

Dimanche 28 mars, ce sera notre dernier espoir du quinquennat d’obtenir une loi qui soit à la hauteur de l’urgence climatique.

Le projet de loi « Climat et Résilience » n’est pas à la hauteur des enjeux écologiques. La France doit accélérer le rythme de la transition écologique dès à présent, ou il sera trop tard !

Le 28 mars, à la veille de l’entrée du texte de loi à l’Assemblée Nationale, nous nous mobilisons pour exiger une loi ambitieuse et défendre les mesures proposées par les 150 membres de la Convention citoyenne pour le Climat.

Vannes, Auray, Rennes, Lyon, Paris… Les groupes locaux de Youth for Climate France et du mouvement Fridays for Future se mobilisent partout en France pour faire appliquer les propositions de la Convention Citoyenne.

https://vraieloiclimat.fr/28mars/

L’IVG en Pologne

En Europe, la Pologne est depuis des années un des pays les plus restrictif sur le sujet de l’avortement. Récemment la loi a été revue. Faisons d’abord un petit point histoire :

 La libéralisation du droit à l’avortement a eu lieu durant la période communiste, plus précisément le 27 avril 1956. À ce moment-là, un avortement était autorisé dans 3 cas :
 – une grossesse mettant la santé de la mère en danger
 – une malformation du fœtus
 – une grossesse résultant d’un viol ou d’inceste
 Puis a été institué ensuite un 4ème cas tenant compte des conditions socio-économiques difficiles telles qu’une famille monoparentale, pas ou peu de revenus, une situation de pauvreté générale.

 

En 1989 le régime communiste prend fin en Pologne. Quelques années après, en 1993 le droit à l’avortement régresse. Les conditions socio-économiques ne sont plus un critère suffisant pour accéder à l’avortement et les trois autres conditions sont durcies afin d’en limiter l’accès

 

C’est en 2016 que la question du droit à l’avortement revient au cœur des débats : le projet de réforme souhaite que le droit à l’avortement ne concerne que les femmes qui sont mises en danger par leur grossesse et punir les autres cas où il y pratique de l’avortement de 5 ans de prison. D’intenses protestations empêchent la loi de passer.

 

En 2018, une nouvelle réforme tente de supprimer le motif légal pour grave malformation du fœtus mais c’est aussi un échec.

 

En 2020, le conseil constitutionnel polonais émet, sous l’égide du parti ultra catholique au pouvoir « Droit et justice » ou PiS, un arrêt stipulant que les IVG, même dans le cas d’une malformation grave et irréversible du fœtus, d’une maladie incurable ou potentiellement mortelle, sont inconstitutionnelles.

C’est le début d’une grande vague de manifestations en Pologne. Des centaines de milliers de personnes défilent dans les rues. Il s’agit des mobilisations les plus importantes depuis la chute du communisme.

Cette loi est vue comme une déclaration de guerre, une nouvelle possibilité pour le gouvernement de faire régner la terreur en Pologne.

Pour les manifestant·es il ne s’agit pas seulement d’une lutte pour l’avortement mais d’une lutte pour la liberté. La liberté de faire ses choix pour son corps. Des symboles très forts sont utilisés dans ces manifestations : « Mon corps, mon choix », « Every woman is a riot » (chaque femme est une révolte), ou encore « j’aimerais avorter de mon gouvernement ». L’éclair rouge brandi par les féministes incarne la lutte pour l’avortement

Par ailleurs, les militant·es, en réaction à l’église catholique très puissante en Pologne et un des acteurs principaux dans la lutte du gouvernement pour la suppression du droit à l’avortement, n’hésitent pas à recourir à l’apostasie. Cet acte consiste au reniement public de sa foi catholique en annulant son baptême afin d’être supprimé·e définitivement des registres de l’église catholique.

Autre élément symbolique : le cintre, alors utilisé par certaines femmes pour mettre un terme à leur grossesse de manière clandestine par manque de moyens financiers ou par souci de discrétion, les restrictions étant déjà très fortes. Des femmes choisissent également de se rendre à l’étranger dans les pays limitrophes comme l’Allemagne ou la Slovaquie. D’autres encore se procurent des pilules abortives par internet ou sur le marché noir.
 En Pologne certaines cliniques privées proposent des avortements illégaux. Ces pratiques clandestines, en plus des dangers judiciaires, comportent de grands dangers médicaux.

En 2013, une étude montre que 80 000 à 150 000 femmes polonaise choisissent de mettre un terme à leur avortement tous les ans, tandis que les chiffres officiels tournent autour de 1000 avortements légaux pratiqué par an. De plus, en 2019, 98% des avortements légaux étaient liés à une malformation du fœtus, la condition vouée à être supprimée dans les nouveaux textes.

Après les manifestations d’octobre, le décret est retiré… mais pour peu de temps : il est de nouveau appliqué le 27 janvier, réduisant définitivement les possibilités d’avortement aux cas de viol, d’inceste et de danger mortel pour la santé de la mère.
 La présidence polonaise a exprimé sa satisfaction quant au jugement prononcé. Les mobilisations reviennent. Les femmes sont moins nombreuses dans la rue mais tout aussi déterminées.

Ce qui ressort le plus dans les propos des militant·es recueillis par Euronews est la douleur de se battre non seulement pour les droits des femmes mais surtout pour « les droits de tous ».

Une manifestante déclare ainsi :

« Il y a presque quarante ans, nos parents et grands-parents ont manifesté dans ces mêmes rues et se sont battus pour la liberté et c’est très douloureux que notre génération doive faire la même chose, après tant d’années »

Magdalena Schejbal

actrice et manifestante

Les manifestations ont dépassé les frontières polonaises et suscité des réactions, émotions, au niveau international. La présidente d’Amnesty International Polska s’exprime dans un communiqué : « Tenter de passer ces lois dangereusement régressives à n’importe quel moment serait une honte, mais d’en précipiter l’examen sous couvert de la crise liée au Covid-19 est impensable. Elles vont non seulement menacer la santé et la vie de femmes et de filles, mais aussi empêcher les jeunes d’accéder à l’information dont ils ont besoin pour avoir des relations sexuelles saines. »

 

À l’échelle de Youth for Climate France, nous nous indignons qu’une telle loi soit appliquée dans un pays de l’Union Européenne sans qu’aucune mesure ne soit prise à son encontre. Ce silence, cette absence de réaction sont un laisser-passer vers un bafouement croissant des droits de l’Homme et vers une montée du conservatisme. Nous demandons instamment à l’Union Européenne, la Cour Européenne des droits de l’Homme de faire respecter la convention ratifiée par ses membres, ses signataires dont la Pologne fait partie. Pour finir, il est de notre devoir de nous rappeler, comme le plaidait Simone Veil en 1974 devant l’Assemblée Nationale française, qu’“Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement (…). C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame. ”